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Alexx et Geneviève sur la trotte

Une histoire de famille

VIETNAM | Thursday, 20 May 2010 | Views [627] | Comments [4]

Pour la 4ième fois, je m’installe pour écrire un article sur notre voyage au Viet-Nam. Oui, les 3 autres fois, j’ai échouée, n’arrivant pas à transmettre ce que je voulais. Aujourd’hui, je suis déterminée : je vais terminer mon article et le partager avec vous. Mais qu’est- ce que je veux vous transmettre au juste? Le Viet-Nam était une étape importante pour nous 2 et vous étiez tous bien excité pour nous. Vous étiez aussi bien impatient de savoir ce que nous allions vivre. Je vais donc y aller comme ça me vient. Je me lance et je ne m’arrêterai seulement une fois terminé, bon ou pas cet article ira sur mon blogue. C’est dit : prête pas prête j’y vais.

Je me sens chez-nous moi, ici. Bizarre n’est-ce pas? Je suis blanche comme du lait, je me fais fixer comme si je venais d’une autre planète et ne comprends pas la langue, mais je m’y sens bien. Alexx parle la langue ce qui facilite grandement notre intégration. Maintenant, on sait ce qui se passe quand l’autobus arrête! Et je dis que je ne parle pas la langue, ce qui est un peu mentir. Je peux maintenant commander mes plats, demander les toilettes, dire merci et compter en vietnamien. Pas mal pour une blanche! Je ne sais si je pourrais aller plus loin que ça. La prononciation est extrêmement importante et surtout extrêmement difficile. Le même mot peut avoir 5 significations différentes selon les accents ou la combinaison d’accents. Disons que je suis fière de ce que j’ai accomplie jusqu’à maintenant et que tout le monde trouve ça ‘ben cute’! Ça et le fait que je sais manger avec des baguettes m’a permis de compter beaucoup de points auprès de ma belle-famille!

Outre la langue, j’apprends énormément sur la culture. Lors des repas familiaux, il faut attendre que le plus vieux de la famille ait commencé à manger avant de s’y mettre. Là ou ça se complique, c’est quand on ajoute le rang dans la famille. Le père d’Alexx est le plus vieux des garçons. Donc, lorsque l’on a soupé avec ses cousins, Alexx était considéré le plus vieux, dû au rang de son père. En vérité, certains cousins étaient plus vieux en âge, mais leur père ou mère étant plus jeune que le père d’Alexx; il appelait Alexx grand frère. Vous me suivez toujours? En signe de respect, on appelle quelqu’un de plus vieux grand-frère ou grande-sœur, encore plus vieux; mon oncle, ou ma tante. Encore plus vieux, disons plus que ses propres parents, grand-père ou grand-mère. C’est vrai avec les gens de la famille, mais aussi avec les serveurs, les vendeurs ou n’importe qui que l’on rencontre. Difficile lorsque l’on ne connaît pas l’âge de la personne. D’autant plus que les Vietnamiens ont toujours l’air plus jeune que leur âge d’environ 10 ans! Pas encore étourdit? Un autre signe de respect est de donner et de recevoir quelques choses en utilisant les 2 mains. Pas nécessaire d’utiliser les 2 mains si la personne est plus jeune que nous, mais la personne plus jeune doit le faire. Moi, je ne prend pas de chance, j’essaie de toujours utiliser mes 2 mains.

Un autre fait que je trouve bien amusant : plutôt que d’appeler ses oncles et tantes par leur nom, Alexx les appelle par leur numéro, ou plutôt leur rang dans la famille. Ainsi, l’enfant le plus vieux est appelé oncle ou tante 2 (personne ne porte le numéro 1), le suivant est oncle ou tante numéro 3, etc jusqu’au petit dernier. Pour moi, c’est drôlement moins compliqué que de retenir les noms et puis ça m’a aidé à me souvenir des chiffres de 1 à 10. Heureusement que le père d’Alexx vient d’une famille nombreuse!

Ça et pleins d’autres petits détails m’ont permis de mieux comprendre d’où vient mon amoureux et mes beaux-parents. Je ne crois pas que j’y serais arrivé sans visiter son pays et rencontré sa famille. Leur passé est peu commun et difficile à s’imaginer. En voyageant avec ma belle-mère, j’ai vu une femme marquée par son passé. Les peurs, les doutes et la méfiance sont ancrés à jamais, j’ai bien peur. Quelle chance j’ai eu de vivre ces moments avec lui et aussi avec ma belle-mère et ma belle-sœur. Je viens d’une famille nombreuse et tricoter serrée. Pour moi, ces gens ont toujours fait partie de mon paysage et ils sont très importants pour moi, malgré que je ne les vois que quelques fois par année. C’est une zone de confort, un endroit ou je me sens aimée, appréciée, ou je n’ai rien à prouver. Ces gens m’ont vu grandir, ils ont a un moment ou un autre changé ma couche, m’ont bercé ou donné à manger. Avec eux je ris et je pleure, je danse et je chante. Ils sont là et je suis là.

Alexx a quitté son pays, il y a près de 31 ans, avec une partie seulement de sa famille. Il a grandit en ne connaissant que ceux qui se sont établie au Canada et aux États-Unis, sachant seulement l’existence des autres. Un concept bien abstrait. Ces autres, nous les avons rencontrés dans les dernières semaines. Comme je vous disais, ma belle-mère et ma belle-sœur nous ont rejoint; déjà très émotif de les revoir. Première fois en 5 mois que nous voyions des visages familiers; c’était assez pour verser quelques larmes de bonheur! Ajoutez à cela, ma tante 9 qui était venu avec nous à l’aéroport pour les accueillir. Nous étions tous en larmes de voir Mme Diep et ma tante 9 se retrouver. Ici, l’accolade ne fait pas partie des mœurs, mais l’émotion n’étant pas moindre, il faut bien trouver le moyen de l’exprimer; quoi de mieux qu’une bonne ‘bean’ sur l’épaule pour dire à quelqu’un combien on est content de les revoir! Je crois que My-Linh, ma belle-sœur,  a encore le bras endoloris par le coup reçu par sa tante! Mais c’était plein d’amour, croyez-moi!

A Saigon, en plus de faire la visite touristique, nous avons eu la chance de rencontrer des cousins et des cousines. Cela a été l’occasion aussi de découvrir des restaurants tous plus délicieux les uns que les autres. Des restos qui ne se retrouvent pas dans les guides touristiques. Quelle chance, encore une fois! Il y en a eu plusieurs cousins et cousines. Malheureusement, n’ayant pas de langue commune pour communiquer, nous nous sommes souvent contentés d’un sourire. My-Linh et Alexx m’ont aidé en traduisant parfois.  Par contre, une cousine travaille pour une université australienne et parle parfaitement anglais. J’ai beaucoup aimé passer du temps avec Tan. Nous lui avons posé pleins de questions, discuté de pleins de choses. Elle nous a amenés magasiner dans ses endroits préférés et nous a donné des conseils de voyage. Une belle rencontre, une de plus, à mettre dans mes bagages de souvenirs.

Il a été chouette de rencontrer les cousins, mais le dîner avec les tantes et les oncles, dans le village natal du père d’Alexx a donné lieu à de grands moments. Pour moi, le moment le plus émouvant, le plus significatif et le plus révélateur a été lorsque My-Linh a revu sa tante 6 (Co Sao). Celle-ci, les yeux pleins d’eau, lui a pris la joue et lui a dit : ‘Tu étais tellement petite quand vous avez prit le bateau, je ne pensais jamais te revoir. Je n’arrive pas à croire que tu es devant moi et que je te parle.’ My-Linh n’avait que 14 mois lorsqu’elle et sa famille sont embarquées pour une traversée plus qu’incertaine vers Hong-Kong, à ce moment-là sous l’Empire-Britannique.  Et c’est là que j’ai compris, à quel point ce départ a été une déchirure et un deuil pour cette famille. Ils ont été amputés en l’espace d’une soirée, d’une partie des leurs. Ils ont aussi dû vivre avec la peur et le doute. Les risques étaient grands et les moyens de communications limités et risqués. Pour eux, revoir leurs neveux et nièce maintenant adultes, en santé qui ont réussi dans la vie…c’était plus que ce qu’ils avaient espérés pour eux. Ils étaient particulièrement impressionnés de pouvoir échanger en vietnamien avec eux.

Le dîner avait lieu dans la maison des grands-parents paternels et étaient offerts aux grands-parents, aujourd’hui décédés. Les Vietnamiens ont comme tradition d’honorer les défunts. Chaque année, un repas leur ait offert et des prières sont prononcées devant l’autel. Ça été l’occasion, pour moi, de voir comment se déroule un dîner de famille avec tout ce que cela implique d’étiquette et de protocole. La bouffe était bien sûre délicieuse. Je suis sortie de table bien remplie, tout le monde s’étant assuré que mon bol ne soit jamais vide!

Parlant de bol jamais vide; quoi faire lorsqu’on est pleins? Il est impolie de ne pas terminer son bol, mais sitôt vide, il se remplie…Astuce : juste avant d’éclater, il faut laisser un peu de bouffe dans son bol. Une fois les gens rendu à se curer les dents avec le cure-dents, on peut vider son bol. Au moment du curage de dents personne ne remplie plus le bol de personne. Comme ça on reste polie et dans les bonnes grâces de tout le monde!  

Bizarrement, j’ai eu le sentiment d’être en famille. L’énergie et la dynamique, la convivialité, tout cela m’est apparu identique à ce qui se passe dans mes réunions de famille. Une famille reste une famille qu’elle soit d’origine québécoise ou vietnamienne. Incroyable quand même qu’après toutes ces années, les liens familiaux soient plus forts que tout. Et Alexx s’est sentie en famille avec ces gens qu’il ne connaissait, en fait, pas du tout. À travers cette expérience riche sur le plan personnel, Alexx a aussi compris pourquoi je tiens tant à mes réunions de famille. Il a sentie ce que je moi je ressens auprès des miens.

À certains moments, ça été frustrant de ne pas pouvoir communiquer. Il y a une des cousines qui me serraient la main, me prenait le bras ou l’épaule et elle me regardait de ses grands yeux. Je la regardais aussi, lui serrait la main en retour. Qu’est-ce qu’elle voulait me partager, me dire, me demander? Malgré la barrière de langue, quelque chose a passé entre nous. Je n’oublierais jamais son regard! Un jour, je l’espère je pourrais communiquer un peu plus avec ces gens qui m’ont marqué.  

Autre moment fertile en émotions; le retour à Quy Nhon, ville ou Mme Diep a grandit et ou Alexx et My-Linh sont né. Tout d’abord, ce fût le choc pour Mme Diep qui ne reconnaissait rien. 31 ans c’est long dans une vie, mais pour une ville c’est suffisant pour changer complètement. Quy Nhon est une ville située sur la côte, environ au milieu du pays. Dans le temps, c’était une simple ville de pêcheur. Après le choc passé et une bonne nuit de sommeil, nous sommes partis à la découverte du passé. Premier arrêt, leur maison! Alexx a quelques souvenirs de cette maison et des alentours. Depuis leur départ, la maison est devenue une école pré-maternelle. Nous avons pu visiter, mais évidemment la maison a été modifiée. C’était quand même suffisant pour qu’Alexx s’y retrouve. Spéciale aussi de se retrouver au milieu de la classe de pré-maternelle et de voir les enfants se battre pour se faire prendre en photo!

Alexx trouvait que le coin de rue était pas mal proche. Dans ses souvenirs, il était pas mal plus loin que ça! La grand-mère de Mme Diep habitait ce quartier et la maison s’y trouve encore, pas trop différente. La propriétaire actuelle a fait la connexion entre Mme Diep et l’ancienne propriétaire. 31 ans, finalement, ce n’est peut-être pas si long. Elles ont passé quelques temps à potiner à propos des voisins du temps!  Et puis, comme la vie fait toujours bien les choses; cette même dame s’est souvenu d’un ami d’un Mme Diep, qui par hasard était de passage à Quy Nhon. Ce Monsieur, est le couturier qui a fait la robe de mariée de Mme Diep. Il est descendu de chez-lui et l’a tout de suite reconnu. Nous sommes montés chez-lui et je me suis délecté de voir 2 vieux amis reprendre exactement là ou ils ont laissé quelques décennies auparavant.

C’est après cette rencontre, déjà bien émotive, que nous avons retrouvé la plage ou toute la famille a prit le bateau en direction de Honk-Kong. Une nuit, vous vous en doutez bien, remplie de doutes, de craintes et d’incertitudes. Alexx a quelques vagues souvenirs de cette nuit, mais rien de triste dans son souvenir. Dans sa tête d’enfant, il ne réalisait pas ce qui se passait. Cette plage, qui était avant entouré de jungle, est maintenant un parc. Donc, encore une fois, pas grand-chose pour s’y reconnaître. Alexx et My-Linh ont sentie le poids de leur destin sur cette plage. Un destin qui finalement, a bien fait les choses. Mais, même pour moi ça été un moment important. Ma vie aurait été bien différente si cette famille n’avait pas pris la décision de fuir, ou pire, s’ils avaient péris en mer. J’en ai profité pour remercier la vie a mis mon amie My-Linh et plus tard Alexx sur mon chemin.

Voilà le récit des événements familiaux de notre périple. Alexx continue de retrouver des saveurs, des odeurs et des images de son enfance. Ils continuent aussi à faire des liens entre ce qu’il voit ici et ses parents et aussi lui-même.  

Pour le reste, comme j’ai attendu trop longtemps, je n’arrive pas à faire un récit intéressant sans tomber dans la récitation. J’ai donc décidé d’inscrire mes commentaires au-dessous des photos. Ça m’est plus facile et je sens que c’est plus vivant, plus intéressant. Vous me direz ce que vous en pensé. Bon visionnement!

Comments

1

Beau récit encore une fois et t'inquiète pas on a ressenti l'émotion avec toi j'ai verser quelques larmes pendant la lecture à ton papa

mamounette et papounet

  Cécile et Raynald May 23, 2010 11:10 AM

2

Wow! Merci Gen pour ce super message. Que d'émotions en effet! Tu expliques aussi très bien toutes les petites subtilités vietnamiennes. Très intéressants! Et bravo de savoir compter et parler un peu en vietnamien!!

Grosses bises à vous.

  Gen Paquin May 27, 2010 8:26 PM

3

Intéressant tout cela, merci d'avoir pris le temps de l'écrire !
Bonne continuation de votre périple !

  Guillaume May 28, 2010 3:19 AM

4

Wow, moi aussi j'ai été bien émue!! Vraiment touchant tout ça, et merci de partager avec nous. J'ai hâte d'en entendre encore plus parler!
Je vous embrasse bien fort, bonne suite de découverte!
Gros bisous
Pasxxxxx

  Pascale May 29, 2010 6:37 AM

 

 

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