La photographie ne révèle malheureusement, sur cette terre islandaise, que peu de choses...alors je vous ai fais quelques photographies avec mon coeur....
Un désert de pierres noires et
déchirées, couvert d'un lichen rare teinté de
carmin, de vert et d'ocre, sans aucun arbre a perte de vue. Par
endroits une gigantesque lame a tranché des ravines dans le
sol, déchirant l'épaisse croûte magmatique en
bords écharpés. De petits tertres arrondis apparaissent
ca et là, comme si un géant des profondeurs avait
poussé du bout du doigt son ciel de roche, créant ces
rondeurs striées de fissures profondes.
Tel un
champ labouré de frais, de part et d'autre de l'asphalte,
s'étend a perte de vue un lit peu confortable de pierrailles
anarchiquement placées, recouvert d'un tapis épais de
mousse vert et turquoise, laissant en perspective une douceur
chaotique...
Une masse liquide bouillonnante, puissante,
assourdissante, se déchirant sur les roches éparses qui
percent la surface, s'écoule, s'accélérant au
gré d'une pente rapide, avant de se vaporiser, en grandes
volutes tourbillonnantes de particules humides, a travers un gouffre
profond taillé en travers de son chemin. Un arc en ciel
couronne cette scène d'agitation acqueuse, comme un accord,
comme une excuse pour ce changement si soudain dans la vie de ce
fleuve turbulent et peu habitué à être ainsi
fourvoyé....
Agitation boueuse sur un décor
inspiré de jaunes, d'or et de gris, quand la vapeur remontant
des profondeurs de la terre crée d'épaisses bulles
grasses et paresseuses dans une boue grise aux volutes sombres, qui
éclaboussent les strates de soufre accumulées
patiemment a travers les ages par les jets de vapeurs tonitruants,
sifflants, à l odeur nauséabonde...
Des
montagnes au loin cachent leur socle d'une épaisse brume
opaque leur donnant ainsi une massive légèreté,
flottant par dessus cette mer calme, froide, bleutée qui vient
se jeter a vos pieds. Elles attendent minuit pour accueillir en leur
sein, sur un lit de nuages, l'astre lumineux et fatigué d'une
journée qui n'en finit jamais en ces terres australes.
Noir
granuleux, blanc immaculé, bleu turquoise; la glace s'étage
de haut en bas formant ce glacier qui se fond tout doucement dans
l'eau blanche d'un lac aux eaux glacées. Parfois, il s'oublie
a laisser aller une part de lui même, dans un élancement
déchirant, assourdissant; partie d un corps glacial devenant,
avec tristesse, avec bonheur, iceberg avide de chevaucher le flot
impétueux du fleuve et de découvrir, fiévreusement,
la grandeur abyssale de l'océan gris.
Des volutes
de chaleur s'élèvent du sable brûlant, noir, noir
d'un noir dérangeant. Troublant les attentes de beige, poudre
érodée des volcans alentours, l'étendue
granuleuse assume sa filiation, symbole d'un passé violent,
explosif et ardent.
Poudre volcanique, noire intense,
dessinant dans l'air froid des ondulations chaudes, souples et
paresseuses; libérant le don de l'astre patiemment dispensé,
elle repose devant l'abysse liquidienne qui l'assaille de ses remous
constants.