5 décembre – Punta Arenas - l’arrivée, le calme plat.
Terre de Feu, nous voilà! Les sacs bien chargés, le moral à bloc, l’espagnol rodé, on entre vers midi dans les bureau de WCS (Wildlife Conservation Society) à Punta Arenas ou l’équipe de gardes-parc et de biologistes est réunie prête pour le grand départ! Et oui sur le terrain en ce moment il y a une expédition marine sur les éléphants de mer et les albatros, il faut préparer tout l’équipement et la nourriture pour plus d’une semaine. Nous arrivons donc à Vicuña, le refuge principal du parc qui en compte 2 en fonction actuellement (Vicuña et Lago Escondido) vers 22h, après plus de 6h de route (2h de route, 20min de traversée du détroit de Magellan et 4h de piste…vous comprenez l’isolement et la nécessité de tout prévoir !). Un bon repas chaud nous y attend, on est nombreux à table, l’ambiance est plutôt détendue mais la fatigue d’un premier jour plein d’informations et du voyage se fait sentir assez vite. Après les présentations tout le monde s’éteint.
Le lendemain matin, le lieu est déjà vide de la majorité de sa population. Les chercheurs de l’expédition marine sont partis tôt avec 2 gardes-parc et nous restons donc à 5 durant 3 jours. La motivation est à son comble, l’envie de découvrir et connaitre chaque recoin du parc, d’aller ouvrir des chemins, chasser et manger des castors, et que sais-je! Mais il ne se passera rien, un peu de ménage et de cuisine, le tour du propriétaire, puis plus rien.
Le lendemain, voyant une seconde journée morte se profiler, nous décidons d’aller aider Miguel (moitié garde- parc et moitié recherche) à installer une nouvelle clôture pour ses chevaux. Notre intégration se passe bien, les gardes sont sympas mais le travail n’est pas au rendez-vous. Ca nous change de Picacho, et ça nous plait pas trop de ne rien faire. Pour tuer le temps on partira avec Miguel faire un des sentiers du parc et pêcher un peu. Le paysage est magnifique, la journée est belle et Miguel a attrapé deux poissons!
8 décembre – Vicuña – les premiers castors et les rêves de serre
C’est le retour des 2 gardes-parc, Mauri (el jefe) et Pancha (la novia del jefe) qui étaient partis pour l’expédition marine. Un peu de mouvement arrive avec eux, on va voir une maison de castor (castorera), on apprend à poser des pièges et commence à émerger l’idée de construire une serre pour produire quelques légumes.
Alors pourquoi la nécessité d’une serre et surtout pourquoi la nécessité de légumes!? Il s’avère qu’à Karukinka et d’une manière générale dans le sud du Chili (bon dans d’autres pays aussi, mais ca nous a beaucoup marqué ici) on mange de la viande au petit déjeuner, au déjeuner, au goûter et au diner! L’accompagnement (riz ou patates) est plutôt mince, il est donc difficile de dire “moi je vais manger juste du riz” vous auriez encore faim en sortant de table! En dehors de ça, la production de fruits et légumes est plutôt au nord du chili, le sud souffrant d’un climat vraiment rude ; et Karukinka étant très isolé, les légumes frais sont rares et n’arrivent pas toujours en bon état ! La serre est donc un bon outil pour produire des légumes frais pour les garde-parcs pendant les quelques mois de l’année où il ne gèle pas.
Le projet sera véritablement lancé lorsque le grand chef rentrera de l’expédition marine et demandera lui-même à ce qu’il y ait une serre.
Durant ces quelques jours on découvrira aussi le refuge del Lago Escondido, lieu magnifique! A côté du refuge du parc il y a un hangar dans lequel vivent des chasseurs, ils attrapent des chevaux et des vaches à l’état sauvage pour les revendre ensuite à des éleveurs ou aux abattoirs. Un truc de fou non!! Ils ont toute une horde de chiens (une quarantaine) qui les aident dans leur travail, la classe.
17 décembre – Vicuña - le surnombre
Les vacances de Noël approchent, on a trouvé un sapin en plastique et quelques boules de Noël, du coup avec Aurore on a complété notre bricolage artistique par ces objets modernes pour essayer de donner une ambiance de fête à notre refuge! Et ça a marché, les garçons ont même fait clignoté les guirlandes avec des bouts de néon! Ca en jette à Vicuña!
Les gardes-parc del Lago Escondido sont arrivés à Vicuña en prévision des vacances, on est maintenant 11 et le travail qui était déjà rare pour 8 devient carrément absent pour 11.
Cependant, les matériaux pour construire la serre arrivent (Aurore, Mauri et la Pancha sont allés à Punta Arenas les chercher) et la construction va donc avancer pas mal durant ces quelques jours! Pepe le charpentier comme chef des opérations, puis Miguel et Cano comme ayudantes tout terrain! C’est cool de bosser avec eux, notre intégration se confirme de jour en jour et on commence à apprendre le vocabulaire local (si pues huevon!).
21 décembre – Vicuña – le départ pour Noël
Et d’un coup tout le monde part. On rêvait d’un peu de tranquillité puis on se voit triste que les lieux se vident… Il faut dire qu’ils sont attachants tous ces gens! Alors on se retrouve à 3 avec Pepe et on continuera les travaux tous les trois. On avance bien, on fait des chemins, une table, des étagères, on ramène de la terre pleine de vers de terre…
Et, soit dit en passant, la fin du monde n’est donc pas pour cette année!
23 décembre – Vicuña – Noël n’arrive jamais assez tôt!
Comme c’est long d’attendre Noël, à Vicuña ils commencent toujours à le fêter avec un jour d’avance. Rappelons qu’il s’agit essentiellement d’une excuse pour picoler… L’alcool est interdit dans le refuge, ce qui est mieux pour la santé physique et mentale de tous les gardes, parce que vu l’isolement et le peu d’activité ils deviendraient fous et alcooliques (comme c’est arrivé par le passé). Donc le soir du 23, c’est rhum! (mais chuuut…) Et on passera une très bonne soirée avec Pepe!
Le lendemain, c’est le soir de Noël pour de vrai, alors après un peu de travail dans la serre, on va préparer tout le repas avec Aurore! Le bouchées à la reine version locale (sans pâte feuilletée…), les pommes noisettes, la bûche (comme celle de la maman d’Aurore avec blancs en neige montés au fouet!), le fromage, la salade, le vin, quasi la classe! Une autre bonne soirée.
Et au matin, le voisin (Barrientos) qui est en charge d’un élevage de 3000 moutons et 1000 bovins nous rejoint avec un agneau que l’on fera à la parillada! Un régal! Le tout accompagné par un punch de vin rouge avec des fraises… (borgoña) riquísimo!
La journée passe tranquillement et la nuit de sommeil est bénéfique!
27 décembre – Vicuña – changement de rôle
Pepe part pour quelques jours de repos et c’est Cano qui vient le remplacer et avec qui on va passer la nouvelle année! Que du bonheur encore une fois, cette fois c’est bière, rhum et vin! On dansera dès son arrivée! Puis le soir du nouvel an jusqu’a 1h du matin, après on coupe le moteur… et on a chanté faute d’avoir un fond musical! On a aussi fini la serre, pêché, dormi, cuisiné, reçu de nouveau Barrientos avec un autre agneau al palo cette fois-ci (encore meilleur!) et on a rencontré une famille d’hispano-chiliens avec des origines allemandes super sympas! On partira avec eux faire un autre des sentiers du parc et pêcher un peu, ils ont 2 petites filles adorables, on a vraiment passé un bon moment avec eux!
3 janvier – Vicuña – le retour des vacanciers
Bonne année à tous et bonne santé et bla bla bla et des bisous! Tout le monde est de retour avec comme objectif de préparer l’ouverture d’un nouveau refuge : la Paciencia. On ira donc peindre et poser les finitions dans les maisonnettes qui visent à recevoir les gardes-parcs et les visiteurs. Les cabanes ne sont pas super bien conçues et prennent l’eau, le travail à l’intérieur est donc moyennement satisfaisant, voir merdique… Mais bon on peint quand même!
8 janvier – Vicuña – mon castor
Miguel va poser d’autres pièges pour castors et, déterminée à en attraper un aussi, je pars avec lui une journée à vélo. C’était loin d’être de tout repos, mais on a eu un castor! Et j’en ferai un sac! Je vous passe les détails techniques, mais il claque! Aurore pendant ce temps la, s’est trouvé une passion pour la pyrogravure et elle fait des merveilles d’écriteaux pour la serre entre autres! Pour occuper les derniers jours, on ira faire le dernier sentier du parc qu’on n’avait pas fait jusque là, avec un nouveau volontaire, arrivé la veille. Le temps une fois de plus est superbe (par chance parce que c’est loin d’être ça tous les jours), seul le vent (d’une force incroyable) nous ralentira sérieusement et nous poussera à rentrer rapidement.
13 janvier – Vicuña – vers d’autres vents
La fin se fait sentir et après avoir cherché un moyen de quitter Vicuña sans parvenir à rien de très concluant, des chercheurs de Karukinka arrivent pour travailler sur le terrain quelques temps et amènent avec eux une nouvelle salvatrice! Une des filles doit aller à Ushuaia chercher un groupe de visiteurs qui vont faire un film sur les castors! On partira donc avec elle le lendemain matin. Tout s’arrange parfaitement bien, on peut passer à autre chose tranquillement!
