19 juin, 19h, Puerto lindo, côte caraïbes, Panama
Nous arrivons donc enfin à notre port de départ où nos
capitaines (Regin et Tahsin) nous attendaient avec 2 autres membres de notre équipage
(Benjamin et Geraldine, 2 suisses que l’on reverra c’est sur). Il fait déjà
nuit, après un petit repas nous partons embarquer à bord du Delfin Solo qui
sera notre maison pour quelques jours.
C’est un
vieux bateau tout en bois, très beau, assez grand (45 pieds) et nous serons 9 enfin
10 à bord pour 5 jours de navigation. On compte donc les 2 capitaines turcs (qui
ont vécu un bon bout de temps aux Etats Unis), 2 allemands, 2 suisses, 1
américaine, nous 2 et le chat Gatito ,habitant permanent du navire! C’est
l’international, l’équipage vaut le détour et naviguer avec des inconnus c’est
vraiment pas pareil…
Nous resterons sur le bateau 2 nuits avant de partir pour de
bon le 21 au matin. Aurore et moi avons directement pris le parti de dormir
dehors dans le cockpit, il faut dire qu’on atteint facilement les 40 degrés la journée donc je vous laisse
imaginer l’atmosphère à l’intérieur : chaud, humide, salé, mmmmm que du
bonheur.
Le périple doit se dérouler de la façon suivante : les 3
premiers jours cap sur les îles kuna, où nous allons profiter des plages et du
poisson frais, puis 2 jours de pleine mer pour lier les îles à Cartagena, notre
point de chute en Colombie. A
bord personne n’a déjà navigué à part moi et c’est assez marrant de voir
d’autres capitaines à l’oeuvre.
Il n’y a
pas de vent, ou pas assez, ou pas dans le bon sens, en tout cas ces 5 jours se
feront au moteur/voile. C’est à dire qu’on sort les voiles et on allume le
moteur en même temps en espérant que ça aille plus vite. On n’est pas allé
vite… Bon c’est le jeu s’il n’y a pas de vent. L’ambiance à bord est spéciale,
pas désagréable, plutôt cordiale même, mais tout de même spéciale. Felix,
un des 2 Allemands, a un bon mal de mer et se drogue a la dromamine (20 cachet
en 5 jours ça tient du reccord), les capitaines nous cuisinent de super bons
plats turcs lorsqu’on est à terre, mais dès qu’on est en mer, c’est chacun pour
soi. Le premier jour on a mangé des sandwichs donc rapidement, la résistance
s’organise et c’est un relais suisse/france qui s’installe pour cuisiner en
mer! Oui je rêvais de purée anti rouli! Sérieusement, les heures de moteur
étaient vraiment difficiles pour tout le monde, l’odeur du gazoil, le bateau
qui fait flop flop, la lenteur de l’ensemble et la litière du chat!!! C’était
pas le top, mais je me suis quand même lancée dans la préparation de crêpes
pour 9 pour un petit déjeuner (4h dans l’enfer de la cuisine avec bourdon du
moteur et j’ai même pas vomi : je pense que j’ai validé ce jour là mon brevet
d’apprenti marin!) ça a mis du baume au coeur.
Les virées a terre étaient magnifiques, les kunas ont complètement
conservé leurs traditions, leur langue, leurs vêtements, tout et en grande
partie parce qu’ils détestent les espagnols et les gringos en général, qu’il
est interdit pour un kuna de se marier avec quelqu’un d’autre qu’un kuna et
qu’ils entretiennent le moins de relations possible avec le monde extérieur. Cependant,
moi j’ai trouvé certains visages attachants et lors d’un échange qui s’est mal
terminé entre notre capitaine qui voulait acheter des bracelets et des
vendeuses en pirogues, Aurore et moi faisions intermédiaires en espagnol et je
dois dire que je comprenais plus l’attitude des kunas que de mon capitaine.
On a refait le monde un soir, des débats animés sur
l’Europe, l’Amérique Centrale, la manière de développer les pays, on a
rapidement perdu nos capitaines, puis les Etats Unis sont sortis du débat,
c’est un truc d’européen de se prendre la tête la dessus! Tout comme le fait d’aller à pied du port à
l’hotel. Sunny, notre américaine, a fait une drôle de tête quand elle a compris
qu’on allait vraiment faire le chemin à pied et pas en taxi avec tous nos
baggages! Ils sont fous ces européens, ils sont fous.
Les 3
premiers jours étaient donc assez paisibles, les 2 derniers en pleine mer ont
été plus rudes. On a senti tout de suite chaque membre se mettre en économie
d’énergie, lutte contre le soleil ou la pluie et espoir que quelqu’un fasse à
manger. Encore une fois le duo France/Suisse s’est mis à l’oeuvre, les autres
étaient pas en forme! Heureusement, quelques petits moments de magie sont venus
adoucir l’ambiance comme le groupe de dauphins qui nous a suivi un bon moment,
les poissons volants, les couchers de soleil et les pâtes au beurre!
26 juin, 23h, Port industriel de Cartagena, Colombie
Pour terminer, nous arrivons enfin à Cartagena la belle à
23h, dans le port industriel animé à charger des cargos toute la nuit, avec ses
odeurs de port industriel. La vue de la terre a apaisé les esprits et nous
restons à discuter un bon moment dans le noir. Fin de l’aventure, nous
mangerons tous ensemble pour se quitter le lendemain soir. Aussi spécial qu’il
fut cet équipaqge nous aura marqué et on l’aura aimé!